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Junge Adler

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JUNGE ADLER
Année : 1944 Réalisateur : Alfred WEIDENMANN Acteurs principaux :
Avions : -Grunau Baby D-1-445 -Heinkel He.111H -Heinkel He.172 D-EEHU Notre avis : « Junge Adler » fut le dernier film destiné à la jeunesse, tourné pendant le troisième Reich. Sorti à Berlin le 24 mai 1944, il apparaît comme le film national socialiste le plus accompli du genre, « conçu pour les jeunes, joué par les jeunes, apprécié par les jeunes » selon les dires d’un haut responsable du ministère de la Jeunesse de l’époque. Le réalisateur et le scénariste étaient des nazis convaincus, et avaient le grade d’Oberbannführer dans les services de Presse et de la Propagande du même ministère. « Junge Adler » est en quelque sorte un réponse de la jeunesse au discours du Dr. Goebbels prononcé le 19 février 1943 au Sport-palast de Berlin, sur la «guerre totale ». «Production pour le front» ou «Le travail par la joie» auraient pu être aussi les sous-titres de ce film à gros budget commandé par l’Etat. Les jeunes, autant que les autres, devaient être impliqués dans l’effort de guerre. C’est ainsi que l’histoire se déroule, non pas dans un milieu bourgeois, ou dans un banal camp des Jeunesses hitlériennes, mais dans l’environnement plus moderne, dun centre d’apprentissage d’une usine d’aviation, en l’occurrence, Heinkel. Depuis le début de la guerre, les droits des mineurs avaient été fortement restreints en Allemagne. On avait accordé aux entreprises le droit d’allonger le temps de travail des jeunes qui pouvait dépasser dix heures par jour. On pouvait aussi supprimer le repos nocturne, pour une durée déterminée, si l’effort de guerre nécessitait l’accélération des cadences. Les jeunes de plus de seize ans pouvaient être ainsi obligés de travailler nuit et jour. Le titre du film est impropre, car il ne fait pas de propagande pour l’aviation, comme on pourrait le croire. Les « jeunes aigles » passionnés d’aviation des Jeunesses hitlériennes devront, à treize ans, travailler nuit et jour pour éviter le « crash » du troisième Reich. Alors que l’on s’approche de la lutte finale, les jeunes « soldats du travail » sont jetés dans la bataille de la production. Quand le jeune Bäumchen reçoit son baptême de l’air, c’est plus pour l’inciter au travail, que pour lui faire envisager une carrière de pilote. Le film utilisait l’engouement des jeunes pour l’aviation, pour mieux les amener à travailler dans l’industrie aéronautique : avant de voler, il faut d’abord construire l’avion Le film fait appel au sens des responsabilités de la main d’oeuvre juvénile face à la menace ennemie, afin de s’assurer de son total engagement dans l’effort de guerre. Les « jeunes aigles » seront maintenus au sol et enrôlés dans le système oppressif de la production de guerre. Que ce soit la seule alternative à la liberté de voler est traduit, involontairement, dans le film, par un jeune (très clairvoyant), qui ouvre la cage à son oiseau, en disant « Quand on a été là haut, on ferait mieux de ne jamais redescendre... ». Mais la superiorité aérienne des Alliés ne pouvait plus être combattue par l’augmentation des rendements ou par un travail acharné. La joyeuse camaraderie des jeunes apprentis du film n’était qu’une illusion maladroite, dans le quotidien de 1944.
Face à d’autres films de propagande nazie, celui ci pourrait paraître anodin. En 1945, ce film sera interdit par les alliés pour apologie de la guerre auprès de la jeunesse. Ce n’est qu’en 1996, que le film sera autorisé à paraître de nouveau en Allemagne. Avec plus de cinquante ans de recul, ce film apparaît aujourd’hui comme un moyen de mieux comprendre l’époque nazie et le système de manipulation des consciences mis en place par le régime fasciste. On remarquera dans ses tout premiers débuts à l’écran, le jeune Eberhard Krüger (15 ans à l’époque), membre des Jeunesses hitlériennes, qui deviendra quelques années plus tard, Hardy Krüger (Cf. « L’évadé du camp 1 » 1957, « Le vol du Phénix » (1966), « La tente rouge » (1971 ).
Les avions du film : Plusieurs bombardiers Heinkel He.111H sont filmés au sol, et en vol. Les jeunes apprentis fabriquent le nez vitré de cet appareil. Dans leur usine, on aperçoit une des dernières versions du He.111, le H-16, équipé, sur le dos, d’une tourelle à moteur électrique, dotée d’une unique mitrailleuse MG 131. Le jeune « Bäumchen » a droit à un baptême de l’air dans un avion assez rare, le deuxième prototype du Heinkel He.172 (D-EEHU). Cet avion, sorti en 1934, était une amélioration du Heinkel He. 72 Kadett, mais il ne fut pas construit en série. Sur les bord de la Baltique, les jeunes s’initient au vol à voile sur un Grunau Baby (D-1-445) lancé à l’élastique. Christian Santoir
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Last update : 2011.10.13 : 21:49
Category : - Films
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